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Emma Cantaloube, Dr vétérinaire

mercredi 12 octobre 2022

Qualité de la soupe : la contrôler pour maîtriser les risques sanitaires et zootechniques

En France, la soupe est le mode de distribution le plus courant en engraissement. Il est essentiel de contrôler sa qualité qui, si elle est mauvaise, peut entraîner des risques sanitaires et zootechniques sur l’élevage.

L'alimentation représente 60 à 70 % du coût de revient d’un porc (Source IFIP). Dans le contexte actuel de hausse du coût des matières premières, elle est plus que jamais au coeur des préoccupations en élevages. En France, la soupe est le mode de distribution le plus courant en engraissement et concerne environ 70 % des porcs d’après
(Martineau, Morvan, et Decoux 2008). Contrôler sa qualité est donc un enjeu majeur en élevage.

La soupe : un véritable "écosystème"

La soupe est un système biologiquement actif composé de nombreux micro-organismes provenant de l’eau utilisée, des matières premières ainsi que du biofilm présent dans le circuit et dans la cuve. Les principaux micro-organismes que l’on connaît dans la soupe sont les suivants :

  • Les bactéries lactiques, "les alliées" : La flore lactique est bénéfique car elle aide à générer un milieu acide défavorable à la croissance de certaines bactéries pathogènes telles que les Coliformes.
  • Les Coliformes totaux, Escherichia Coli et entérocoques : Ces bactéries peuvent être pathogènes en elles-mêmes, mais peuvent aussi être responsables de la formation de toxines appelées amines biogènes (putrescine, cadavérine, tyramine) qu’elles fabriquent en dégradant des acides aminés de l’aliment.
  • Les clostridies : la contamination par ces potentiels pathogènes est évaluée grâce à la mesure des bactéries A.S.R (Anaérobies Sulfito-Réductrices).
  • Les levures : elles sont rarement pathogènes.
  • Les moisissures : elles sont essentiellement présentes dans le biofilm présent dans le circuit (les descentes notamment) et la paroi de la soupière.

Plus que les quantités de chacune de ces catégories, c’est l’équilibre entre ces différentes familles qui est primordial. Ainsi, l’un des indicateurs clef d’une bonne qualité de soupe est la proportion de coliformes par rapport à la flore lactique, cette dernière devant être majoritaire. Les acides organiques tels que ceux contenus dans  l’ACIDOSOUPE® peuvent jouer positivement sur cet équilibre car ils favorisent le développement de la flore lactique.

Risques sanitaires et zootechniques

Les risques liés à une mauvaise qualité de soupe sont nombreux :


Sanitaires :

  • Diarrhées néonatales (Grandin et al. 2021)
  • Entérotoxémies
  • Mammites

Zootechniques :

  • Sous-consommation alimentaire avec comme conséquence de mauvais démarrages en lactation ou en engraissement.
  • Mauvaises croissances : les amines biogènes par exemple peuvent affecter l’ingéré spontané des animaux et donc compromettre la croissance des porcs.

Contrôler sa soupe en 3 étapes

schema controle soupe

Vigilance sur les mycotoxines

Les mycotoxines sont des métabolites secondaires de champignons ou moisissures toxinogènes qui sont produites dans certaines conditions : chaud, froid, humidité, gel, manque d’O2, attaque d’insectes ou de produits phytosanitaires. Elles peuvent être présentes dans toutes les matières végétales que ce soit au champ ou pendant le stockage du foin, de l’ensilage, des silos à grains ou des concentrés. Leur impact sur les animaux est très important et peut conduire à des troubles du système immunitaire, reproducteur et digestif, voire à une mortalité dans les cas les plus extrêmes. Leur isolement n’est pas évident, notamment à cause de l’échantillonnage qui ne
représente pas toujours la qualité de l’ensemble des stocks d’aliment. Il faut donc toujours garder en tête l’idée que, même quand on ne trouve pas de mycotoxines dans un prélèvement, cela ne signifie pas qu’il n’y en a pas sur le reste des stocks.
D’où l’importance d’avoir un capteur de mycotoxines dans son aliment et de désinfecter régulièrement ses silos (FUMAGRI HA SILO).

Conclusion

Nous venons d’aborder le sujet de la qualité de la soupe, il ne faut toutefois pas oublier que le contrôle de la quantité de soupe distribuée est également un sujet primordial tant pour le bien-être animal que pour le portefeuille de l’éleveur ! En effet, d’après une étude (Roy, 2010), "quatre machines à soupe sur dix pèsent mal, à vide ou à plein. De plus, l’erreur sur les quantités distribuées avoisine les 14 % tandis que la dilution n’est pas homogène le long du circuit pour 50 % des machines."
Le contrôle de la machine à soupe est donc un point important de contrôle à réaliser fréquemment dans son élevage.

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